Je viens de voir un film d’Arte
passionnant sur les « rêves lucides ».
Ça m’a donné très envie de faire
une note sur ma relation aux rêves. Mais au moment où je me lance, j’hésite.
C’est quand même très très personnel.
Lancer ça sur le net… ?
…
A l’âge de 10-12 ans, j’ai
commencé à jouer avec mes perceptions.
Je me rappelle. Couchée sur le dos dans le noir, avant de m’endormir. J’ai les bras légèrement écartés du corps, les jambes qui ne se touchent pas. J’ai les yeux fermés. Comme on éteint des lampes, je soustrais mes sensations physiques les unes après les autres. Le toucher du drap, du matelas. La gravité devient une force centrifuge.
Je vois… un sol pavé tout près de mon visage. Je plane horizontalement au-dessus du sol. Je m’élève à reculons. Je vois la fontaine rectangulaire en pierre massive, la place du village, le village (en pierre blonde, plutôt méditerranéen), les champs et les routes environnants… Toujours plus haut. Je commence à percevoir sur l’horizon la courbure du sol. Et enfin la terre devient ronde. Je passe parfois à côté de la lune, toujours plus loin. Jusqu’à ce que je sois suspendue dans l’espace, immobile et en apesanteur. Je reste là un petit moment, et puis j’entame le retour. Je fonce à toute vitesse, et pourtant je m’arrête facilement, suspendue au-dessus du sol de la place du village, les pavés juste devant mon nez.
Et c’est là qu’il se passe
quelque chose de bizarre.
Les pavés disparaissent et je me
trouve dans un endroit sombre à la fois immense et dont la paroi se trouve à
quelques millimètres de mon visage. J’ai en même temps une l’impression
d’oppression et de vertige. Ce n’est pas du tout angoissant. C’est très
difficile à décrire. Je suis très grande et dans la peau d’un chat.
Je me suis demandée, des années
après, si ce n’est pas le sentiment que le fœtus a dans le ventre de sa mère.
Puis
je passe… ailleurs.
Et
à partir de là, je me mets à faire mon « rêve éveillé ».
Ce
sont des rêves semi-dirigés, avec des aventures que je note souvent au retour.
Avec des choses récurrentes. Un cheval volant (ne pas oublier que j’ai 10-12
ans quand je commence), des loups parfois, un endroit idyllique où je vais
souvent avec une cascade et des rives moussues… Ca m’arrive de juste me
promener. D’autres fois, j’ai des choses plus ou moins étranges qui m’arrivent.
Bref, j'adore, je m'amuse.
Si
vous avez regardé le film d’Arte, vous avez dû conclure comme moi que mes « rêves
éveillés » ne sont pas des rêves lucides. Ils en sont proches pourtant par
ce que j’en retire, de l’inspiration, un sentiment d’avoir vécu des choses
extraordinaires.
Ces
voyages se sont espacés autour de mes 25 ans, avec un « truc » qui
avait pollué mon monde onirique, pourrissant l’eau de ma cascade, etc. Je
retournais parfois y jeter un œil. Les dernières fois les choses s’y sont
arrangées. Quand j'y pense, ça doit faire un moment que je n'y ai pas été. Mais je sens que je peux me
reconnecter sans problème à Death's Radio comme Greg
Bear le dit si bien dans l’Infinity Concerto (à lire !). Petite parenthèse : j'adore cet auteur, mais je ne sais pas si sa bilogie (?) a été traduite en français. Son expression m'est restée, en tout cas.
Quant
aux rêves lucides, si j’ai bien compris la définition donnée dans le film, les
rêveurs s’endorment, puis se mettent à rêver et interviennent dans leur rêve de
manière « consciente ». Ce genre de chose m’est arrivé rarement et surtout
pour faire que mon rêve finisse bien et ne tourne pas au cauchemar.
Et
puis il y a les rêves « normaux ». J’adore. Je me couche comme on va
au cinéma en espérant qu’il y ait un bon spectacle.
Une image rapportée d'un rêve "normal" où je m'élance d'un toit pour voler. J'adore ce genre de rêve. Ca m'est arrivé au matin de bouger les bras pour voir si ça ne marchait pas ici. Décevant.
Et
de là je reviens à mes « rêves éveillés ». Voici ce que j’avais
découvert à 10-12 ans : les souvenirs que j’avais de mes escapades
oniriques étaient d’une qualité similaire à mes souvenirs d’évènements réels. Tous
mes sens étaient sollicités. La seule différence était : je savais que c’était
des rêves. Et si j’avais décidé d’abolir cette barrière ?
J’estime
maintenant que je n’ai pas de souci à me faire. Les deux mondes sont
compatibles. Je ne vais pas abandonner mes rêves. J’y perdrais une
telle richesse en sensations, en expériences, en images.
La
seule chose que je regrette toujours, c’est que je ne peux y emmener personne
pour lui montrer.
Alors
je dessine.
O.
2 commentaires:
Bonjour , Il existe un numéro hors-série de la revue de bd (à suivre)consacré à cette "technique"intitulé Silence,on rêve paru en 1991 .
Hmmoui, ça doit être là-dedans que j'ai lu l'article de Jodorowski, je pense.
Mais j'ai lu cet article à l'époque après ma première expérience de "rêve lucide". C'est là que je me suis dit que j'avais fait/vécu quelque chose de spécial.
O.
Enregistrer un commentaire