Il faut faire des choses folles de temps en temps.
Du vendredi 23 au samedi 24 mai, j’ai participé aux 24
heures de la bd à Lausanne, dans le cadre du festival BD-Fil qui aura lieu en
septembre.
Je rappelle en très bref le principe, déjà éprouvé au
festival d’Angoulême et qui a démarré aux Etats-Unis : faire en 24h 22
pages de bandes dessinées, plus une couverture et une image de fin.
Pour moi qui fais plutôt une page par semaine – et par mois
en ce moment :o(, un sacré défi ! Morte de trac avant de m’inscrire,
puis l’angoisse devant la nuit blanche que j’allais passer.
Hé bien, le moins qu’on puisse dire, c’est que c’était
intense !
Il y a quelques messages sur le site de bdparadisio, à partir du post 21 (attention, c’est un site non-modéré, ce qui signifie que les novices qui y
mettraient les pieds peuvent être sidérés par les dérapages qui surviennent
régulièrement), dans le sujet BD-Fil. C’est du brut de coffrage.
Sinon, pour les non-présents, voici un rapport plus
détaillé.
Le vendredi, j’ai été travailler le matin, puis j’ai
dormi-somnolé pendant plus de 2h chez un ami à Lausanne, qu’il soit ici encore
grandement remercié, je crois que cela a été capital pour moi !
C’est parti.
Il faut que je trouve une HISTOIRE ! Et le plus vite
possible. Je pars sur 2-3 idées que je développe.
Je commence avec un gaufrier de 22 cases pour placer les
actions. Je ne veux pas arriver à la page 20 avec encore 10 pages à faire. Puis
je fais les crayonnés des 22 pages, avec l’idée – qui s’avérera exacte - que
vers la fin je n’aurai plus les capacités de faire la mise en place des pages.
Je me rends compte que j’ai trop avancé dans l’histoire à la page 15, puis
trouve-découvre une scène supplémentaire qui me fait arriver à la page 22.
Mise en place faite, yapluka encrer.
On dessine on dessine. Il y parfois des discussions, surtout
entre ceux qui travaillent à deux. A part ça, c’est le grand silence des
dessinateurs. Ce qui me manque par rapport à mon atelier, c’est de ne pas
pouvoir chanter à tue-tête sur les morceaux des cassettes que j’écoute sur mon walkman. Ouais un
walkman. Avec des cassettes. Et alors ?
J’ai aussi pris la moitié de mon atelier avec moi et je ne
suis pas la seule. Emmanuel a aussi un sac à dos de 15kg.
Des pâtes délicieuses
le soir, des snacks à disposition, des boissons, aussi. On ne traîne pas à table. Moi j’ai ma potion
magique, que j’utiliserai 4-5 fois (prenez 5-6cm de gingembre, râpez et laissez
tirer une nuit au frigo avec le jus d’un citron, le matin filtrez. Pour boire,
j’ai mélangé un tiers de ça avec un tiers de coca et un tiers d’eau). Chuis pas
quelqu’un qui fonctionne au café. Je boirai aussi 1 l de thé de jasmin, plus du
thé froid.
Vers 5h, l’instant de grâce : la connexion qui se fait
entre le cerveau et le crayon. Plus besoin de croquis élaborés : le
pinceau court sur le papier à l’endroit où je veux qu’il se pose. C’est stupéfiant
et électrisant.
Tout à coup, il fait jour dehors.
Magnifique petit déjeuner, avec du pain chaud croustillant,
des confitures, du jambon… Je trouve tout cela à 8h, en émergeant de la salle
de repos. Je voulais dormir 1h30, un cycle de sommeil, quoi, mais après 1 h à
écouter des signaux Whatsapp (note aux organisateurs : demander que les
gens qui vont se reposer mettent leur smartphone sur vibreur !), le bruit
de matelas gonflables (il y avait des matelas « normaux » et des
matelas gonflables – note aux organisateurs : OUBLIEZ LES MATELAS
GONFLABLES ça fait un bruit pas possible !) et un type qui ahanait dans
son sommeil (failli le tuer, lui) j’ai abandonné.
Je me brosse les dents, me recoiffe, me passe de l’eau sur
le visage, comme si je sortais d’une bonne nuit de sommeil, pour essayer de
feinter mon corps qui commence à fatiguer. Hin hin il est plus malin que je
pensais, ça ne fonctionne que partiellement.
Dans la salle, certains ont abandonné l’îdée de pouvoir finir,
mais restent quand même (moi, jusqu’à une heure de la fin, je ne savais pas si
j’allais pouvoir y arriver). J’ai l’impression de torcher les dernières pages.
Il faut juste qu’elles soient lisibles !
A midi, très peu vont manger. Pas faim. Pas le temps.
Et puis soudain je termine la 22 !
Je me tourne vers mon voisin derrière moi. J’ai envie de
hurler, de rire, mais lui il n’a pas fini, ce serait salaud pour les autres de
crier mon bonheur. Alors je continue avec des choses que je ne savais pas
pouvoir encore faire : passer les cadres des cases à l’encre, placer les
quelques touches de couleurs…
Eeeet STOP ! Au moment où je finis mon lapin de fin.
Marrant, un clin d’œil à Trondheim et son Lapinot ?
Totalement inconscient, dans ce cas.
Conclusion :
J’y ai été, parce que je savais que je regretterais si je ne
participais pas.
Ce soir, après une nuit de 13h et une journée parcourue de « bugs »
où je me rends compte par exemple que je suis en train de regarder une fleur du
jardin depuis 5 minutes, je me sens épuisée mais super-fière d’avoir fait ces
24 heures. C’est une sacrée expérience que je conseille sérieusement à tous les
dessinateurs.
Ah oui et ça fait perdre du poids : plus d'un kg pour moi.
Vous pouvez aller sur le site de BD-Fil pour voir la photo
et les travaux des participants. J’essaierai de mettre mon histoire ici
prochainement.
Sur ce, bonne nuit.
O.
PS j'essaierai de mettre les pages en bonne résolution sur le prochain post.
PS j'essaierai de mettre les pages en bonne résolution sur le prochain post.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire