31 mars 2015

Little Odrade in Slumberland


Je viens de voir un film d’Arte passionnant sur les « rêves lucides ».
 
Une image rapportée d'un rêve "normal"

Ça m’a donné très envie de faire une note sur ma relation aux rêves. Mais au moment où je me lance, j’hésite. C’est quand même très très personnel.
Lancer ça sur le net… ?


A l’âge de 10-12 ans, j’ai commencé à jouer avec mes perceptions.
Je me rappelle.
Couchée sur le dos dans le noir, avant de m’endormir. J’ai les bras légèrement écartés du corps, les jambes qui ne se touchent pas. J’ai les yeux fermés. Comme on éteint des lampes, je soustrais mes sensations physiques les unes après les autres. Le toucher du drap, du matelas. La gravité devient une force centrifuge.
Je vois… un sol pavé tout près de mon visage. Je plane horizontalement au-dessus du sol. Je m’élève à reculons. Je vois la fontaine rectangulaire en pierre massive, la place du village, le village (en pierre blonde, plutôt méditerranéen), les champs et les routes environnants… Toujours plus haut. Je commence à percevoir sur l’horizon la courbure du sol. Et enfin la terre devient ronde. Je passe parfois à côté de la lune, toujours plus loin. Jusqu’à ce que je sois suspendue dans l’espace, immobile et en apesanteur. Je reste là un petit moment, et puis j’entame le retour. Je fonce à toute vitesse, et pourtant je m’arrête facilement, suspendue au-dessus du sol de la place du village, les pavés juste devant mon nez.

Et c’est là qu’il se passe quelque chose de bizarre.

Les pavés disparaissent et je me trouve dans un endroit sombre à la fois immense et dont la paroi se trouve à quelques millimètres de mon visage. J’ai en même temps une l’impression d’oppression et de vertige. Ce n’est pas du tout angoissant. C’est très difficile à décrire. Je suis très grande et dans la peau d’un chat.
Je me suis demandée, des années après, si ce n’est pas le sentiment que le fœtus a dans le ventre de sa mère.

Puis je passe… ailleurs.

Et à partir de là, je me mets à faire mon « rêve éveillé ».
Ce sont des rêves semi-dirigés, avec des aventures que je note souvent au retour. Avec des choses récurrentes. Un cheval volant (ne pas oublier que j’ai 10-12 ans quand je commence), des loups parfois, un endroit idyllique où je vais souvent avec une cascade et des rives moussues… Ca m’arrive de juste me promener. D’autres fois, j’ai des choses plus ou moins étranges qui m’arrivent. Bref, j'adore, je m'amuse.
Je mettrai peut-être un ou deux récits dans des prochaines notes. Si je n'efface pas cette note avant.

Si vous avez regardé le film d’Arte, vous avez dû conclure comme moi que mes « rêves éveillés » ne sont pas des rêves lucides. Ils en sont proches pourtant par ce que j’en retire, de l’inspiration, un sentiment d’avoir vécu des choses extraordinaires.

Ces voyages se sont espacés autour de mes 25 ans, avec un « truc » qui avait pollué mon monde onirique, pourrissant l’eau de ma cascade, etc. Je retournais parfois y jeter un œil. Les dernières fois les choses s’y sont arrangées. Quand j'y pense, ça doit faire un moment que je n'y ai pas été. Mais je sens que je peux me reconnecter sans problème à Death's Radio comme Greg Bear le dit si bien dans l’Infinity Concerto (à lire !). Petite parenthèse : j'adore cet auteur, mais je ne sais pas si sa bilogie (?) a été traduite en français. Son expression m'est restée, en tout cas.

Quant aux rêves lucides, si j’ai bien compris la définition donnée dans le film, les rêveurs s’endorment, puis se mettent à rêver et interviennent dans leur rêve de manière « consciente ». Ce genre de chose m’est arrivé rarement et surtout pour faire que mon rêve finisse bien et ne tourne pas au cauchemar.

Et puis il y a les rêves « normaux ». J’adore. Je me couche comme on va au cinéma en espérant qu’il y ait un bon spectacle.
 
Une image rapportée d'un rêve "normal" où je m'élance d'un toit pour voler. J'adore ce genre de rêve. Ca m'est arrivé au matin de bouger les bras pour voir si ça ne marchait pas ici. Décevant.
 
Parfois je me dis au milieu du rêve que ça doit être un rêve et j’essaie de me réveiller. Parfois ça marche. Mais je me rappelle aussi la fois où le ciel nocturne montrait des constellations inconnues et une sorte de toile lumineuse et qu’on est tous sortis dans les rues et qu’on ne comprenait pas ce qui se passait. Vaisseaux spatiaux et invasion ? Manifestations de perturbations de l’univers ? J’essayais de me réveiller, mais rien à faire, c’était réel. Tout était en train de changer. C’est le genre de rêve qui, le matin, me laissent épuisée et la tête dans le q.

Et de là je reviens à mes « rêves éveillés ». Voici ce que j’avais découvert à 10-12 ans : les souvenirs que j’avais de mes escapades oniriques étaient d’une qualité similaire à mes souvenirs d’évènements réels. Tous mes sens étaient sollicités. La seule différence était : je savais que c’était des rêves. Et si j’avais décidé d’abolir cette barrière ?

J’estime maintenant que je n’ai pas de souci à me faire. Les deux mondes sont compatibles. Je ne vais pas abandonner mes rêves. J’y perdrais une telle richesse en sensations, en expériences, en images.
La seule chose que je regrette toujours, c’est que je ne peux y emmener personne pour lui montrer.

Alors je dessine.

 
O.
 
 
Un rêve "normal" wtf où des Alices se battent contre des ninjas... Note : elles ont des jupes bleu clair. Je rêve en couleurs.

6 mars 2015

Croquis remake Croquettes No1B


Petit croquis de la troisième page du remake des premières Croquettes. Le lion "final" a une crinière beaucoup plus fournie, je remarque ;o)

 

Je profite pour expliquer un peu comment je travaille.
Je fais très souvent le croquis au crayon sur une page indépendante. Surtout pour une position aussi difficile. J’ai une sacrée documentation-photo, mais mes croquis sont généralement une synthèse de celles-ci. De toute façon, on trouve rarement LA position qui correspond à ce qu'on a en tête. J’observe beaucoup, et puis je fais le dessin à main levée.
Mes études véto m’aident à comprendre « théoriquement » comment fonctionnent les corps des animaux, aussi, mais les photos me sont utiles pour comprendre l’apparence qu’ont les muscles dans telle ou telle position, par exemple. C’est absolument nécessaire si je veux aller jusqu’au bout de mon style réaliste.

Ensuite je scanne le croquis.

Je corrige éventuellement des détails, genre raccourcir une patte ou déplacer un œil, et puis je cadre aux dimensions de la case. J’imprime. Plusieurs croquis par page pour économiser le papier.
 
En transparence, je délimite au verso les lignes à tracer et je les passe au crayon blanc. Puis je reporte celles-ci en appuyant au stylo, comme je ferais avec un papier carbone, sur la page noire.

Et arrive le moment où je dessine vraiment la case, à partir du croquis reporté sommairement. D’abord au crayon blanc, puis un peu à la gouache blanche.

Voilà.

 

O.