25 janvier 2015

Croquettes No 10


Voilà, les nouvelles Croquettes sont arrivées !

 (Mise à jour : voici les 3 premières pages de l'histoire, la quatrième sera dans l'album qui est en cours de financement sur le site Sandawe sous Projets Libres)
 


 


 


Mercredi je pars pour le festival d’Angoulême. Je suis toujours en inquiétude quant à comment ça va se passer.

 

Je fais carrément des cauchemars.

Ca va de me voir là-bas et tout à coup quelqu’un lance une pile de classeurs au milieu de notre groupe en train de discuter en criant « une bombe !» et il y a un grand mouvement de panique, puis le crétin se plie en deux de rire « GAG ! ».

Jusqu’à des trucs vraiment flippants genre : je suis à Angoulême. J’entends plusieurs grosses explosions, je sors et par-dessus les toits et les antennes, je vois monter 5 champignons atomiques. Puis, en me déplaçant jusqu’à voir les colonnes dans l’axe d’une rue, je vois un gros nuage noir qui s’étend à toute vitesse à leur base et je crie aux gens de se mettre à l’abri, je tourne au coin de la rue et j’ouvre une porte, je me retrouve dans un salon de coiffure et je dis aux gens ce qui se passe et on se précipite dans les escaliers pour descendre à la cave.

 

Bon… tout ça veut simplement dire que je ne suis pas tranquille. Mais le plus dur sera sûrement comme d’habitude le trajet en voiture. 8h de route, quand même. Tranquillos.

 

Et non, je ne participerai pas aux 24h de la BD qui ont lieu comme chaque année le mardi juste avant le festival. Trèèès mauvaise idée si je veux profiter de mon séjour ;o)

 
Je suis pleine d’espoir pour des projets éventuels ! Croisez les doigts !
 
Philippe est de retour de sa semaine à la montagne chez ses parents. J’ai donc pu bosser autant que je voulais. Chaque année, il s’éclipse pour que je puisse me concentrer. Je l’adore.
 

 

O.

10 janvier 2015

Le choc Charlie


J’arrive pas à bosser. Ca tourne et retourne dans ma tête.

Je parcours internet en m’arrêtant sur les blogs, les sites d’actualité, les forums.

J’essaie de comprendre, de comparer les points de vue pour essayer d’y voir clair. Ici, dans mon petit village suisse à l’écart de tout, je me sens à la fois protégée et extrêmement seule.

Je pense aux dessinateurs qui, un jour ou l’autre, ont fait un « dessin irrespectueux ». Est-ce qu’un autre fou va leur faire la peau ? Est-ce qu’ils ont peur ? Est-ce qu’ils vont, au supermarché, soudain être couverts de sueurs froides quand deux jeunes musulmans vont se mettre dans la file derrière eux ?

Comment arrêter cette folie ?

En Amérique, ce sont des médecins qui ont été abattus par des extrémistes chrétiens pour avoir fait des avortements.

Faut-il interdire toute religion ?

J’essaie d’imaginer ce que je ferais si on touche à mes croyances. Problème : je suis estampillée chrétienne, mais je ne suis pas du tout pratiquante. Si j’entre dans une église, c’est pour admirer l’architecture ou ressentir les ondes telluriques. Si on me dit que la force de la nature, l’homéopathie ou le chamanisme sont des conneries, je hausserais les épaules, libre à l’autre de croire ce qu’il veut.

De plus en plus, je me dis que les religions, les dogmes, c’est le mal. Mais comment les interdire ? C’est dans le cœur d’hommes et de femmes.
 

Angoulême, c’est à la fin du mois. Le plus grand rassemblement de dessinateurs. Il y aura sûrement des manifestations, des évènements. Avec un choc, je me suis rendue compte que je vais prendre des risques en allant au festival.

 
Nous n’avons pas de « culture du martyr ». Peut-être qu’il va falloir nous y faire. Continuer coûte que coûte, quel qu’en soit le prix, à défendre la liberté contre les fanatiques.




O.

7 janvier 2015

Du sang sur le papier


Des gens se sont fait tuer pour des dessins. En France.
 
Je ne suis pas une lectrice de Charlie Hebdo. La provocation, ce n’est pas mon truc. Mais soudain, leur combat contre l’intolérance et le fanatisme devient le mien.
 

Les messages « Ils l’ont bien cherché » me font enrager.
Je sais bien qu’exprimer son opinion, dans le monde, est parfois extrêmement difficile et dangereux. Mais je pensais qu’on vivait dans un pays libre.

Bordel, si la répression ne vient pas de l’état, faut-il qu’elle vienne des individus eux-mêmes ?!?

 
En France et en Suisse, ceux qui tournent les puissants et la société en dérision se prennent des procès, et doivent certainement supporter toutes sortes de tracasseries… qu’ils dénoncent ensuite dans les pages de leur journal. Mais il me semble qu’on les considère le plus souvent comme les fous du roi, ceux qui dénoncent, mettent en lumière ce qu’on essaie de cacher et essaient de relativiser les choses qui paraissent si importantes.
Avec humour. Même s’il peut être féroce et grinçant.

 

Passé la nausée, le dégoût et les larmes, je regarde exceptionnellement les nouvelles. Cabu, bon sang, Cabu ! Charb et Tignous. Wolinski le misogyne. Vous allez nous manquer.

 
Et s’il est essentiel de punir les coupables, il ne me semble pas vraiment important de savoir si ce sont des fous d’un dieu, des skins, des provocateurs d’extrême droite, un commando piloté par Al Quaïda ou par le Pentagone.

Ce qui est important, c’est d’abord la tristesse que des gens sont morts pour leurs dessins dans un pays dit libre. Des balles, bordel, pour des dessins !!!
 

Toutes mes pensées aux familles et aux proches des victimes. Je n’oublie pas les collaborateurs de Charlie Hebdo et les policiers.

Surtout, surtout, en mémoire d’eux, continuer à lutter contre l’intolérance. Ne pas se laisser intimider par ces cons sanguinaires.


 
 
O.